Historique

Depuis sa création en 1928, l'Institut Henri Poincaré a connu plusieurs évolutions majeures. Son histoire est intimement liée à celle des 20ème et 21ème siècles et au développement des mathématiques et de la physique théorique durant cette période. Internationalement reconnu, l'IHP d'aujourd'hui est fidèle à son héritage. Voici son histoire résumée.

Fondé et bâti en 1928 grâce à des mécènes privés au sein de la Faculté des sciences de l’Université de Paris comme un « centre d’enseignement et de recherches scientifiques sur la physique mathématique et théorique et les sciences connexes, telles que le calcul des probabilités », l’Institut Henri Poincaré est la maison historique des mathématiques et de la physique théorique en France.

Dans l’entre-deux guerres, l’IHP accueille les plus grands spécialistes mondiaux et publie les textes de leurs conférences dans sa revue, les Annales de l’Institut Henri Poincaré. Il accueille aussi les premiers laboratoires de calcul, dont les machines sont malheureusement perdues lors de la débâcle.

Après la seconde guerre mondiale, l’IHP est le cœur des mathématiques sur la place parisienne. On s’y presse pour suivre des cours avancés et séminaires, dont le fameux séminaire Bourbaki. Le bâtiment est surélevé de deux étages, le dernier étant réservé à la bibliothèque.

En mai 1968 et dans les années qui suivent, l’IHP vit une période mouvementée, sans statut juridique après l’éclatement de l’Université de Paris. Une association dénommée Institut Henri Poincaré se constitue en 1982. Une poignée de mathématiciens, une mathématicienne et un physicien se mobilisent pour sauver l’IHP.

Les objectifs sont alors de sauvegarder et développer la bibliothèque, fonder un centre de recherche à thèmes comme le MSRI à Berkeley, et créer un lieu d’ouverture des mathématiques au public.

Le nouvel IHP est inauguré officiellement en 1994, après des travaux de restructuration du bâtiment. « La maison des mathématiques dénommée Institut Henri-Poincaré » est devenue officiellement en 1993 une école de l’Université Pierre et Marie Curie. Sa bibliothèque et son centre de recherche à thèmes, le Centre Émile Borel, en sont des départements. La dimension nationale de l’IHP est reconnue par son statut d’unité mixte de service avec le Centre National de la Recherche Scientifique à partir de 1995.

En 2020 est créée la Maison Poincaré comme 3ème département. Le lieu du même nom accueillant le public ouvrira dans le bâtiment Perrin, ancien laboratoire de chimie physique construit en 1926 et réhabilité pour permettre l’extension de l’Institut Henri Poincaré. Entre 2019 et 2021 le bâtiment Borel est rénové tout en restant occupé.

Ces projets de développement de l'IHP sont soutenus par ses tutelles, le CNRS et Sorbonne Université, par le Fonds de dotation de l'Institut Henri Poincaré, créé en 2016 pour lever des fonds privés, et l'association des Publications de l'Institut Henri Poincaré (issue en 1999 de celle de 1982), ainsi que par la ville de Paris, la région Île de France et l'État.

Les grandes périodes de l'IHP

À lire dans les blocs déroulants ci-dessous.

L’Institut Henri Poincaré est inauguré le 17 novembre 1928 en présence de diverses personnalités scientifiques et politiques dont Raymond Poincaré, président du Conseil, Pierre Marraud, ministre de l’Instruction publique et des beaux-arts, et Charles Maurain, doyen de la Faculté des sciences de l’Université de Paris.

L’IHP occupe un bâtiment construit pour l’occasion, juste en face du laboratoire de chimie physique de Jean Perrin, qui jouxte l’Institut Curie, et à côté du futur Institut de biologie physico-chimique. Son premier directeur est le mathématicien Émile Borel, entouré d’un comité de direction comprenant les physiciens Jean Perrin et Paul Langevin.

Sollicité par Georges Birkhoff au nom de l’International Education Board de la Fondation Rockefeller « sur la manière la plus efficace dont cette admirable institution pouvait aider la science française », selon les mots de son discours d’inauguration, Émile Borel a eu l’idée de fonder l’institut et de le « placer sous le patronage du nom d’Henri Poincaré », son illustre prédécesseur (avant Joseph Boussinesq) à la chaire du calcul des probabilités et de physique mathématique à la Faculté des sciences, « le grand savant qui honora pendant tant d’années la science française ». Le projet voit le jour avec le soutien d’Edmond de Rothschild en complément des donateurs américains.

L’IHP rassemble la chaire de calcul des probabilités et physique mathématique, tenue par Émile Borel, et la chaire de théories physiques, créée spécialement pour l’institut et dont le premier titulaire est Léon Brillouin. On leur associe des maîtres de conférences, respectivement Maurice Fréchet et Louis de Broglie. Ce dernier deviendra titulaire de la chaire dès 1932, et sera alors remplacé par Francis Perrin comme maître de conférences. Le successeur de Fréchet est Georges Darmois. Émile Borel restera titulaire de sa chaire jusqu’à sa retraite en 1941.

Dès la création de l’IHP, Émile Borel embauche comme « assistante au calcul des probabilités » Jeanne Lattès, née Ferrier, qui devient Jeanne Fournier après son second mariage. Docteure en physique, elle travaillait jusque-là dans le laboratoire voisin de Marie Curie et a dû le quitter pour raison de santé. Elle restera à l’IHP jusqu’à sa retraite en 1958.

Sur l’avis du comité de direction, Émile Borel et Jeanne Fournier invitent les plus grands spécialistes de l’époque en analyse, probabilités, physique mathématique et théorique : Léon Bloch, George Birkhoff, Max Born, Marcel Brillouin, Francesco P. Cantelli, Torsten Carleman, Charles G. Darwin, Paul Dirac, Théophile de Donder, Albert Einstein, Enrico Fermi, Vladimir A. Kostitzine, Paul Lévy, George Pólya, Erwin Schrödinger, Vito Volterra, etc. Leurs séries de cours et conférences sont publiées aux Annales de l’Institut Henri Poincaré, vraisemblablement parfois à partir des notes prises par Jeanne Fournier. Certains scientifiques sont empêchés d’honorer leur invitation pour des raisons politiques, malgré l’intervention du Ministère de l’Instruction publique. C’est le cas en particulier de Sergej Bernštejn, Andrej N. Kolmogorov et Jacov I. Frenkel. Kolmogorov visitera néanmoins l’IHP en 1958.

De par les échanges internationaux qu’il suscite et l’effervescence intellectuelle qui en résulte, l’IHP est à la pointe du développement de la théorie des probabilités. Il contribue de plus à l’émergence de domaines d’applications des mathématiques comme la dynamique des populations.

Il accueille par ailleurs les premiers séminaires modernes de mathématiques, en particulier le séminaire de Gaston Julia. Le tout jeune groupe Nicolas Bourbaki se réunit régulièrement à l’IHP. La physique théorique tient aussi son séminaire à l'IHP derrière de Broglie.

Les premiers laboratoires de calcul voient le jour en son sein. En 1939, l’IHP embauche une dizaine de calculateurs et calculatrices pour soutenir l’effort de guerre. Leurs machines sont évacuées et finalement perdues lors de la débâcle en 1940.

 

Après la défaite de 1940, les activités de l’institut ne s’arrêtent pas pour autant, même si Borel est arrêté par la Gestapo et emprisonné à Fresnes en octobre-novembre 1941.

Avec Georges Valiron ils ont fondé un laboratoire de calcul en 1940. En 1942, Fréchet succède à Valiron à la tête de ce « laboratoire de calcul et de statistique », aux côtés du « laboratoire de calcul expérimental et graphique » de Joseph Pérès et du « laboratoire de calcul mécanique » de Louis Couffignal. Tous ont des projets de nouvelles machines de calcul, selon des technologies différentes , qui aboutiront à des impasses.

Le laboratoire de Couffignal est transféré à l’Institut Blaise Pascal, fondé par le CNRS en 1946 (année du succès de la machine ENIAC aux États-Unis) et hébergé à l’IHP jusqu’à la fin des années 1950 . La machine de Couffignal est un échec. En 1957, l’IHP achète l’un des premiers calculateurs électroniques Bull pour son laboratoire de calcul numérique, dirigé par René de Possel.

Le bâtiment héberge aussi l’Institut de statistique de l’Université de Paris (ISUP), fondé en 1922 par Borel, auquel Georges Darmois a succédé comme directeur. L’ISUP sera délocalisé dans les années 1960 mais il existe toujours, sous le nom d’Institut de statistique de Sorbonne Université, tout en ayant conservé son acronyme.

Du côté de la physique, une chaire de « physique quantique et de relativité » est lancée en 1947 grâce à un legs. Son premier titulaire est Paul Soleillet. Quant à la chaire de théories physiques, elle sera occupée par de Broglie jusqu’à sa retraite en 1962.

Borel est officiellement en retraite en septembre 1941 mais il continue à diriger l’IHP jusqu’à sa mort en 1956. Paul Montel, jusqu’alors directeur adjoint, lui succède à l’âge de 80 ans !

Paul Belgodère, normalien mathématicien et conservateur des bibliothèques, est nommé ingénieur de recherche CNRS, responsable de la bibliothèque en 1949. Simultanément, Denise Lardeux devient intendante de l’IHP et tient le « Secrétariat mathématique », qui « assure à la fois la gestion matérielle du bâtiment, la multigraphie mathématique et un secrétariat général pour les Mathématiques ».

Belgodère et Lardeux organisent et publient les actes des nombreux séminaires qui se déroulent à l’IHP : algèbre et théorie des nombres (Dubreil), analyse (Choquet et Lelong), calcul des probabilités (Darmois), cybernétique, économétrie (Roy), équations aux dérivées partielles (Schwartz), théorie des corps valués (Krasner), histoire des mathématiques (Fréchet et Taton), logique (Destouches), physique des ondes et théorie des groupes (Kahan), recherche opérationnelle (Guilbaud), théories physiques (de Broglie, qui continuera après la disparition du séminaire Proca ), aérodynamique (Perès), aérothermique (Brun), plus le « Grand séminaire de Mathématique » (Bourbaki) trois fois par an, le séminaire Sophus Lie, et celui de géométrie algébrique (Cartan) qui se déroule à l’École normale supérieure.

Parmi les écoles qui se développent à l’IHP on compte celles de probabilités et de logique, avec des invitations répétées de Michel Loève et Georges Kreisel.

Les années 1950-1960 constituent ainsi une période faste pour l'IHP. « Jusqu’à la création de Jussieu, l’endroit où l’on venait pour des mathématiques au niveau doctoral, que ce soit pour aller assister à des séminaires ou pour assister à des cours de troisième cycle, c’était l’IHP. » (Bernard Teissier 2010)

Le « thé des mathématiciens » institué à partir de 1953 par Henri Cartan et André Weil est organisé par Denise Lardeux chaque mercredi dans les sous-sols de l’institut, pour « professeurs et étudiants désireux de s’affranchir un moment des contraintes du travail rigoureux ». Cette tradition perdurera jusqu'à la fin des années 1970.

Devant le succès rencontré par toutes ces activités et la difficulté à accueillir dans ses locaux la forte affluence qu’elles engendrent, l’IHP se voit octroyer l’autorisation et des crédits pour agrandir le bâtiment. En 1954, il est surélevé de deux étages. Ceci permet notamment à la bibliothèque, à l'étroit au premier étage, d'occuper toute la superficie du 4ème étage.

Les travaux de surélévation ont fait l’objet d’une convention en 1951 entre l’IHP, la Faculté des sciences de l’Université de Paris et le CNRS, qui finance à hauteur de 50 millions de francs, avec le soutien de la Direction de l’enseignement supérieur.

En 1968, Paul Montel est toujours directeur de l’IHP et le restera jusqu’à sa mort en 1975, à 98 ans ! Paul Belgodère, responsable de la bibliothèque, est aussi secrétaire général de l’institut, qu’il tient de main ferme pendant les événements de mai.

Ce n’est pas tant l’agitation politique dans les murs de l’IHP qui marque une rupture mais la loi Faure du 12 novembre 1968, qui entérine l’éclatement de l’Université de Paris et par conséquent la disparition de la Faculté des sciences, dont l’IHP était un bien propre. L’institut perd ainsi son existence juridique, et ses moyens de fonctionnement.

Dans les années 1970-1980, le bâtiment est administré par la Chancellerie des universités de Paris et son usage se disperse. Nombre de mathématiciens ont rejoint les nouveaux campus de Jussieu et d’Orsay, à l’exception notable de René Deheuvels, Pierre Lelong, Paul Malliavin et Charles Pisot. Ce dernier succède à Montel comme directeur de l’IHP, malgré son absence de statut. En ce qui concerne la physique théorique, Jean-Pierre Vigier conserve une équipe à l’IHP après avoir été assistant auprès de Louis de Broglie.

Dans la foulée de sa création (houleuse) en 1971 par Jean Teillac, successeur de Frédéric Joliot-Curie au Collège de France et à l’Institut du radium, l’Institut national de physique nucléaire et de physique des particules (IN2P3) s’installe à l’IHP jusqu’en 1981. En contrepartie, l’IN2P3 finance de nouveaux espaces à ses frais : le 1er étage est agrandi de 300 m2, à l’intérieur du U que forme le bâtiment (c’est de là que viennent la salle de lecture et les bureaux en mezzanine de la bibliothèque actuelle).

À la fin des années 1970, les principaux occupants de l’IHP sont l’École pratique des hautes études (EPHE), l’Institut de sciences mathématiques et économiques appliquées (ISMEA), l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), avec son Centre d’études nord-américaines ou son Centre de recherches sur le Japon qui n’ont plus rien à voir avec le périmètre de l’IHP.

Quand Paul Belgodère prend sa retraite fin février 1986, Denise Lardeux est en retraite depuis de nombreuses années mais continue à travailler comme bénévole à temps plein pour la bibliothèque. Hélène Nocton arrive en 1987 comme nouvelle responsable de la bibliothèque. Sa première impression n’est guère engageante : « Pour quelqu’un de ma génération, l’IHP était le symbole de toute l’indifférence des mathématiciens par rapport aux questions matérielles. Un institut complètement délabré dont la gestion se faisait n’importe comment, qui avait sombré dans une espèce de maniaquerie administrative…» .

Cependant, quelques-uns d’entre eux se mobilisent pour sauver l’IHP. Cela a commencé en 1982 avec la création d’une association loi 1901 par Jean-Pierre Aubin, à la suite d’une mission confiée par le Directeur de la recherche du Ministère de l’éducation nationale. Nommée « Institut Henri Poincaré », cette association lui redonne un statut juridique. Elle implique des représentants de la Direction de la recherche, de l’Académie des sciences, du Collège de France, du CNRS, de la SMF, du CIMPA, du CIRM etc.

Quelques années plus tard, l’association est reprise par Nicole El Karoui, qui se voit également confier avec Bernard Teissier un projet d’unité de service CNRS, surtout centré sur la bibliothèque de l’IHP. Le physicien Bernard Julia est à leurs côtés pour faire revivre l’IHP. Sur le terrain, Hélène Nocton et son collègue Dominique Dartron s’activent, non seulement à faire évoluer la bibliothèque (c’est le moment du passage des répertoires en fiches cartonnées à l’informatique) mais à organiser à des séminaires.

Fin 1988, Michel Demazure est sollicité par Lionel Jospin, ministre de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports, pour un rapport sur la situation des mathématiques en France et de l’IHP en particulier. Un « groupement d’intérêts publics » (GIP) est envisagé . C’est finalement le statut d’école interne de l’Université Paris VI, au sens du Code de l’éducation, qui sera retenu. Il est officialisé par décret le 28 février 1990.

Demazure obtient de plus auprès du Ministère une vingtaine de millions de francs pour refonder la « maison des mathématiques dénommée Institut Henri-Poincaré» autour de trois idées : sauvegarder et développer la bibliothèque, créer un centre de recherche à thèmes annuels (tel qu’imaginé par El Karoui et Teissier, sur le modèle du MSRI à Berkeley), et créer un lieu d’ouverture des mathématiques vers le public. D’importants travaux sont engagés. Le projet est confié à Pierre Grisvard, qui devient ainsi directeur de l’IHP en 1990, jusqu’à sa mort prématurée en 1994.

La renaissance officielle de l’IHP a lieu en 1994 avec de nouveaux protagonistes. Joseph Oesterlé a succédé à Grisvard comme directeur et, lors de l’inauguration du bâtiment rénové et restructuré (la bibliothèque étant redescendue au 1er étage), le ruban est coupé par le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche d’alors, François Fillon.

C’est en particulier la naissance du centre de recherche à thèmes appelé Centre Émile Borel. Il organise son premier programme thématique de février à juillet 1994 avec François Laudenbach et Claude Viterbo sur la géométrie symplectique. Les trimestres thématiques sélectionnés par le Comité de programmation scientifique de l’IHP se succèdent depuis lors.

L’IHP acquiert un second statut le 1er janvier 1995, réminiscence du projet confié à El Karoui et Teissier : celui d’unité mixte de service entre le CNRS et l’Université Pierre et Marie Curie. Depuis cette date, le directeur ou la directrice de l’IHP est nommé·e conjointement par le ou la ministre de l’enseignement supérieur (pour le statut d’école) et le ou la président·e du CNRS.

En 1999, le nouveau directeur de l’IHP Michel Broué fait renommer l’association « Institut Henri Poincaré » en « Publications de l’Institut Henri Poincaré » et redéfinir son objet : il s’agit de « développer, animer et coordonner des activités d'édition en mathématiques et en physique, et de soutenir le développement de l'Institut Henri Poincaré ». L’association se concentre désormais sur les Annales de l’Institut Henri Poincaré.

Les 20 ans de la refondation de l’IHP sont célébrés le 17 octobre 2014 par son directeur depuis 2009, Cédric Villani et son directeur adjoint Jean-Philippe Uzan en présence de nombreux acteurs et témoins de cette époque.

Citons pour finir les directeurs adjoints qui se sont succédé, quelque peu dans l’ombre des directeurs, entre 1994 et 2014 :

  • Bertrand Duplantier, de 1994 à 1999
  • Alain Comtet, de 2000 à 2009
  • Jorge Kurchan, de 2010 à 2013
  • Jean-Philippe Uzan, de 2013 à 2017

 

Dès son arrivée à la direction de l’IHP en 2009, Cédric Villani obtient des moyens supplémentaires conséquents de la part du CNRS. De fait, l’Institut des sciences mathématiques et de leurs interactions du CNRS consacre une part importante de son budget à soutenir les activités au service des communautés nationales et internationales portées par les UMS que sont l’IHP et le CIRM.

Villani s’associe par ailleurs avec ses homologues du CIRM, Patrick Foulon, du CIMPA, Claude Cibils et de l’IHÉS, Jean-Pierre Bourguignon, pour monter un projet de « laboratoire d’excellence » dans le cadre du programme « Investissements d’avenir » lancé par l’État. C’est ainsi qu’en 2011 le LabEx CARMIN est créé, pour donner à chacun des quatre partenaires des moyens « à la hauteur des standards internationaux » et porter des projets communs, dont la plateforme carmin.tv. CARMIN sera renouvelé pour la période 2020-2024 sous la responsabilité de Sylvie Benzoni.

Villani parvient également à convaincre le Clay Mathematics Institute d’établir une « chaire Poincaré » à l’IHP, suite au refus de Grigori Perelman de recevoir son prix pour la démonstration de la conjecture de Poincaré.

Ces changements de voilure de l’institut s’accompagnent d’un renforcement de l’équipe administrative de l’IHP, composée de personnels permanents ou contractuels CNRS ou UPMC (Sorbonne Université depuis 2018), dont certains sur crédits CARMIN.

L’IHP héberge et noue des partenariats avec de nombreuses associations et sociétés savantes (dont la Société mathématique de France, partenaire historique), ainsi que la Fondation sciences mathématiques de Paris. La pression sur l’occupation des bureaux est de plus en plus forte.

Villani obtient alors de l’Université Pierre et Marie Curie la réaffectation du bâtiment Perrin (laboratoire de chimie physique) à l’IHP dans le cadre d’un vaste projet de maison des mathématiques ouverte sur le public : la 3ème idée de Demazure ! Celle-ci a commencé à être mise en œuvre en 2014, avec de nombreuses initiatives d’ouverture de l’IHP vers le grand public, les scolaires, les entreprises et la société en général.

Ce projet, dit IHP+, est soutenu par un Cercle d’entreprises partenaires, précurseur du Fonds de dotation de l’IHP fondé en 2016, et se concrétise grâce au Contrat de plan État-Région (CPER) 2015-2020. En 2016 également, une cheffe de projet, Marion Liewig, est embauchée par le CNRS pour l’IHP.

Le projet IHP+ est financé dans le cadre du CPER par le CNRS, la région Île de France, la ville de Paris et l’État. Ce dernier abondera le budget en 2020 dans le cadre du Plan de relance consécutif à la crise du Covid-19.

Quand Villani démissionne en 2017 pour se lancer en politique, le concours d’architecture pour la réhabilitation du bâtiment Perrin se termine à peine. Son suivi est repris par le directeur de l’IHP par interim Patrice Le Calvez, puis par la directrice Sylvie Benzoni à partir de 2018.

La maîtrise d’œuvre est attribuée à Atelier Novembre, associé à l’entreprise Du&Ma pour la scénographie de l’espace muséal prévu au rez-de-chaussée du bâtiment Perrin. La maîtrise d’ouvrage revient au propriétaire, Sorbonne Université (issue de la fusion de l’Université Pierre et Marie Curie avec l’Université Paris-Sorbonne au 1er janvier 2018), qui délègue à l’EPAURIF.

Une cérémonie de première pierre pour le bâtiment Perrin a lieu le 14 novembre 2018. Ce sont aussi les 90 ans de l’IHP. À cette occasion est réalisée la frise visible ci-dessous. On y montre les directeurs successifs, pensant alors que Belgodère a dirigé l’IHP de 1949 à 1986. C’est le travail d’Alexis Servoin, élève à l’EHESS, qui a permis d’affiner l’histoire.

Les premiers travaux sur le bâtiment Perrin concernent le « curage » des traces des laboratoires expérimentaux qu’il a hébergés. Ils se terminent en 2019. Les travaux de réhabilitation proprement dits démarrent en 2021 pour se terminer en 2022.

Le CPER a également permis de financer la rénovation et la mise aux normes d’accessibilité aux personnes en situation de handicap du bâtiment Borel. Ces travaux longtemps différés et dont la maîtrise d’œuvre a été confiée à Walid Ghanem se sont échelonnés entre 2019 et 2021, le bâtiment étant resté occupé pendant ce temps.

Le nom choisi pour l’espace muséal (expositions et médiation scientifiques) dans le bâtiment Perrin est la Maison Poincaré. Du point de vue de l’organisation interne de l’IHP, la Maison Poincaré est devenue en 2020 un 3ème département, aux côtés de la bibliothèque et du Centre Émile Borel.

La conception du parcours muséographique s’est faite entre 2018 et 2021 en interaction entre Du&Ma, la muséographe Céline Nadal (MuseoScience), l’IHP et un certain nombre de ses partenaires : entreprises mais aussi enseignant·es, chercheur·euses, médiateur·ices, etc.

Citons pour finir les directeurs adjoints qui accompagnent les grands projets de l’IHP depuis 2018 :

  • Rémi Monasson, de mars 2018 à décembre 2020
  • Dominique Mouhanna, depuis mai 2021

 

Grands projets et dates clés

À retrouver dans les blocs déroulants ci-dessous.

  • 17 novembre 1928 : inauguration par Émile Borel de l’IHP dans un bâtiment construit en face du laboratoire de chimie physique de Jean Perrin (architectes respectifs: Gustave Rolet et Henri-Paul Nénot), sur financement par l’International Education Board de la Fondation Rockefeller, complété par Edmond de Rothschild.
  • 1er décembre 1930 : approbation des statuts de l’IHP par le Conseil de l’Université de Paris comme « centre d’enseignement et de recherches scientifiques sur la physique mathématique et théorique et les sciences connexes, telles que le calcul des probabilités » au sein de la Faculté des sciences.
  • 10 avril 1931 : adoption du règlement de l’IHP par le Ministre de l’Instruction Publique et des Beaux-Arts.
  • 5 décembre 1951 : convention entre la Faculté des Sciences, l’IHP et le CNRS.
  • 1952-1954 : surélévation du bâtiment de deux étages et installation de la bibliothèque au 4ème étage (financement CNRS, architecte Henri Blin, associé de Germain Debré).

  • 17 mai 1954 : inauguration du bâtiment surélevé, à l’occasion du centenaire de Poincaré.

  • 1973 : extension du 1er étage (financement IN2P3, architecte ?).
  • 22 décembre 1981 : rapport de la Chancellerie des Universités sur la situation de l’IHP.
  • 4 mars 1982 : création d’une association loi 1901 intitulée « Institut Henri Poincaré » par Jean-Pierre Aubin avec « pour but de développer, animer et coordonner les activités de communication des mathématiciens, entre eux et avec l’extérieur ».
  • 19 novembre 1988 : rapport de Michel Demazure à Lionel Jospin, ministre de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports, sur les mathématiques en général et l’IHP en particulier.
  • 13 décembre 1988 : réponse du Ministère à Demazure sur les possibles statuts de l’IHP, qui n’existe plus juridiquement depuis la disparition de la Faculté des sciences de l’Université de Paris par la loi du 12 novembre 1968.
  • 28 février 1990 : par décret « Art. 1er. - La maison des mathématiques dénommée Institut Henri-Poincaré constitue au sein de l'université Paris-VI une école au sens des articles 25 et 33 de la loi du 26 janvier 1984 sur l'enseignement supérieur. »
  • 11 février 1993 : approbation des statuts de l’IHP par le Conseil d’administration de l’Université Pierre et Marie Curie.
  • 1992-1994 : rénovation et restructuration du bâtiment (financement État, obtenu par Demazure auprès de Jospin, architecte Serge Petré-Souchet).
  • 25 octobre 1994 : inauguration du nouvel IHP par Joseph Oesterlé, qui a succédé à Pierre Grisvard comme directeur, en présence de François Fillon, Ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.
  • 1er janvier 1995 : création d’une unité mixte de service CNRS-UPMC, l’IHP devient UMS 839.
  • 2 juillet 1999 : sous la présidence du directeur de l’IHP Michel Broué, l’association « Institut Henri Poincaré » est renommée « Publications de l’Institut Henri Poincaré » avec « pour objet de développer, animer et coordonner des activités d'édition en mathématiques et en physique, et de soutenir le développement de l'Institut Henri Poincaré ».
  • 2014 : lancement du projet d’extension de l’IHP au bâtiment Perrin.
  • 26 avril 2016 : création du Fonds de dotation de l’IHP, présidé par le directeur de l’IHP Cédric Villani.
  • 14 novembre 2018 : première pierre des travaux sur le bâtiment Perrin.
  • 1er janvier 2019 : renouvellement de l’IHP comme UMS 839, sous la direction de Sylvie Benzoni.
  • 2019-2021 : rénovation et mise aux normes du bâtiment Borel (financement Contrat de plan État-Région 2015-2020, impliquant le CNRS, la Région Île de France et la ville de Paris, architecte Walid Ghanem).
  • 2020 : création de la Maison Poincaré comme 3ème département de l’IHP.
  • 2019-2022 : réhabilitation du bâtiment Perrin (financement Contrat de plan État-Région 2015-2020, impliquant le CNRS, la Région Île de France et la ville de Paris, complété par le Plan de relance 2020, architecte Marc Iseppi - Atelier Novembre).
  • 2023 : inauguration de la Maison Poincaré comme espace d’expositions et de médiation dans le bâtiment Perrin.

  • 1922-1926 : construction du bâtiment, sur demande conjointe de Jean Perrin et de Marie Curie (architecte Henri-Paul Nénot, financement obtenu sur intervention de Léon Blum).
  • 1926 : inauguration du Laboratoire de chimie-physique, qui sera dirigé par Jean Perrin quasiment jusqu’à sa mort en 1942.
  • 1927 : achèvement des laboratoires, après demande de crédits supplémentaires adressée au président du Conseil, Raymond Poincaré.
  • 1937-1938 : annexion des loggias et construction du « grand laboratoire » (architecte Germain Debré, financement obtenu de la Caisse nationale de recherche scientifique par Jean Perrin). Yvette Cauchois installera dans le grand laboratoire (surélévation cubique de 10m) un accélérateur vertical, avec le soutien du Service technique de l’aéronautique.
  • 1941-1945: le laboratoire est dirigé par Louis Dunoyer.
  • 1945 -1953 : le laboratoire est dirigé Edmond Bauer.
  • 1953 - 1979 : le laboratoire est dirigé par Yvette Cauchois.
  • 1980 - 1991 : le laboratoire est dirigé par Christiane Bonnelle.
  • 1992 - 2004 : le laboratoire est dirigé par Alfred Maquet.
  • 1er janvier 1997 : création de l’unité mixte de recherche CNRS-UPMC UMR 7614 sous le nom de laboratoire de chimie physique - matière et rayonnement (LCPMR).
  • 2016 : le LCPMR déménage à Jussieu.

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Chantier Perrin en 2020

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