Ce qui anime Matthias Cléry c’est autant l’étude des raisonnements mathématiques, de la production des connaissances, que l’analyse des conditions sociales qui les sous-tendent. Centrées sur la socialisation des savoirs mathématiques, ses recherches s’attachent à documenter et montrer comment « pour produire des savoirs et les diffuser, on a besoin d’une organisation collective », dit-il… Une organisation collective comme l’Institut Henri Poincaré, par exemple !
Au fil de cet entretien, le chercheur au tempérament passionné et à l’élan communicatif retrace son parcours personnel et revient sur les conditions politiques et sociales de la création de l’Institut Henri Poincaré (IHP). Auteur d’une thèse soutenue en 2020 (sous la direction de Hélène Gispert et Laurent Mazliak) sur le développement des recherches et de l’enseignement du calcul des probabilités au sein de l’IHP entre 1928 et 1939, il est aussi membre du comité scientifique qui a conçu l’exposition « Emile Borel, un mathématicien au pluriel » présentée par l’Institut Henri Poincaré. C’est justement à l’un des volets de cette exposition que s’intéresse Adrien Rossille dans sa chronique « médiation scientifique », engageant ainsi la discussion avec Matthias Cléry sur les réflexions d’Émile Borel et Georg Cantor autour de la question de l’infini.
En seconde partie d’émission, l’historien des mathématiques évoque d’autres questions sociales et politiques liées à la production et à la transmission des connaissances mathématiques, évoquant la figure d’Emile Borel comme représentative de la méritocratie scolaire, dont il est lui-même issu. Avec sensibilité et conviction, il parle enfin des prochains travaux de recherche qu’il aimerait mener sur la manière dont l’éducation populaire s’empare des savoirs mathématiques et les transmet aux classes populaires.
